31ème journées européennes du patrimoine
Robert Sobrero : "Atelier mécanique"
Exposition aux galeries du fort du vendredi du 19 septembre au samedi 04 octobre 2014
Friche and ships.
En explorant le bâtiment de l'atelier mécanique, Robert Sobrero fait œuvre de mémoire. Malgré l'état délabré de la structure, on devine à travers ses photographies l'intense activité qui y a régné durant près d'un siècle. L'unité voit le jour en 1906 pour accompagner l'essor de la construction navale à la Seyne sur mer. A l'origine d'ailleurs, on l'appelle « l'atelier des turbines » et les plus anciens se souviennent de la destination « turbines » qu'arboraient les bus « étoile », bien avant que le mistral ne souffle sur le réseau. On y procède à l'usinage, au montage ainsi qu'aux essais de turbines à vapeur pour les bateaux qui s'attachent à dessiner des volutes à l'horizon. Deux guerres n'ont pas eu raison de sa carcasse, même si le deuxième conflit l'a toutefois bien secoué puisque les allemands le dynamitent en août 1944. L'atelier mécanique recouvre toutefois la vie grâce à l’opiniâtreté de ceux qu'il abrite en son ventre. Dans les années 60, la deuxième nef est rallongée pour faire place à une aire de montage de tubes lance-missiles des premiers sous-marins nucléaires. Avec la séparation des activités navale et industrielle, il bat pavillon NORMED au début des années 80. Puis vient le temps de la Sté CPM créée par les ouvriers et techniciens qui fonctionnera jusqu'en 2002. Une des dernières tâches d'envergure sera d'adapter les hélices du porte-avions Foch sur les arbres du Charles de Gaulle, une performance saluée à son époque. Touché par cette histoire, Robert Sobrero a arpenté cette cathédrale laissée aux vents et à la lente destruction. « Cette friche de l’atelier mécanique m'a profondément attiré. Il n’y a personne, tout est calme et cependant durant des décennies des générations d’hommes ont façonné la matière. La matière devient ainsi le témoin du temps qui passe ». Par son regard, Robert Sobrero rappelle cette épopée et, malgré la souffrance de ceux qui ont connu cet âge d'or, le photographe délivre un message d'espoir. Le bâtiment solidement campé sur ses renforts de béton coulés à la Libération est bel et bien prêt pour un lancement d'un autre type. Une autre vie sera donc possible.
Jean-Christophe Vila
« Nos remerciements s'adressent à Alain Bart qui nous a apporté de précieuses informations sur l'histoire du bâtiment ».