Sébastien Fraysse
Exposition "FEDDOG"
février - avril 2014
La vie d'artiste.
Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'humanité...En exposant au fort Napoléon, Sébastien Fraysse sort enfin du bois, lui qui depuis des années investit la rue avec talent et les réseaux sociaux (la rue électronique ?) avec constance et détermination (recherchez par exemple « Feddog » ou le « peintreinconnu » sur internet). Bien sûr, ce n'est pas la première fois qu'il expose dans un lieu, mais cette exposition Feddog dans les Galeries du Fort se distingue des autres par l'importance. Trois salles seront ainsi consacrées à celui qui se définit comme peintre avant tout. Avec des références à puiser chez les illustrateurs (les anciens rebelles se souviendront du collectif d'artistes Bazooka actif entre 1974 et 1978 qui prônait la subversion par le dessin) et un choc frontal avec l'artiste d'origine turque Sarkis dont il suivit l'enseignement à l'Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg, Sebastien Fraysse aime à la fois la discrétion et le paradoxe. Dans son œuvre, cela se traduit par des interventions (ou performances) dans l'espace public coiffé d'un masque (généralement de singe), cet anonymat traduisant plus la réserve de sa personnalité qu'un manque d'audace. Et paradoxalement, cette quête de la discrétion est battue en brèche par l'évidence. En effet, transformer la rue en galerie d'exposition attire forcément l'attention du quidam et accessoirement, des gabelous. « Je dessine et j'écris, sur mon ressenti du quotidien, c'est une humeur du jour. Quand je me promène, je repère des endroits où je peux inscrire mes slogans. La rue c'est aussi une façon de ne pas attendre que l'on vienne me chercher et cela me permet d'être en contact avec le réel ». Au fort Napoléon, l'artiste dévoile une centaine d’œuvres mêlant slogans personnels teintés d'humour et de vérités absolues, œuvres qu'il crée dans la rue et qu'il photographie ensuite pour tuer l'éphémère dans l’œuf. Des sculptures dans la même veine complètent le propos. Enfin, une vidéo remarquée (et remarquable) est diffusée, « je suis tous les peintres », un hommage à celles et ceux qui ont écrit l'histoire de l'art. Ces images tournées sur une voie de chemin de fer désaffectée sont une ode à la vie d'artiste, à la fois seul et tous, c'est à dire passeurs des acquis des autres, un énième paradoxe.
Jean-Christophe Vila.